Andreas Lubitz, le jeune copilote qui a entraîné 150 personnes dans la mort lors du crash de l’avion de la Germanwings dans les Alpes-de Haute-Provence, a vu 41 médecins en cinq ans. Il craignait perdre la vue et était profondément dépressif. Ses thérapeutes étaient d’avis qu’il était inapte pour exercer son métier, mais ils ne l’avaient pas communiqué à la compagnie d’aviation. En Allemagne le corps médical est soumis au secret professionnel. Aucuns renseignements ne doivent être remis à des tierces personnes. L’employeur reste ainsi dans l’expectative. C’est aussi le cas pour un médecin affilié à une entreprise. Mais ce dernier peut déclarer qu’un membre du personnel n’est pas en mesure de remplir ses responsabilités. Comme on le voit c’est un article de loi soumis à l’appréciation des tribunaux en cas de litige. En ce qui concerne Andreas Lubitz ce « garde-fous » n’a pas fonctionné. Ses supérieurs n’ont pas été informés des problèmes psychiatriques qui le tourmentaient. Seul lui aurait pu dévoiler ses maux, mais il ne l’a pas fait de peur de perdre son emploi.

Comme pour beaucoup de pilotes, voler n’était pas un job pour lui, mais une passion. Ce qui rend encore plus complexe ce qui s’est passé. Une discussion en Allemagne s’en est suivie. Elle avait pour thème la question de savoir s’il ne fallait pas atténuer les règles du secret professionnel. La réponse est dans le contexte actuel un non catégorique de la part des organisations syndicales des médecins. On veut éviter ainsi que la santé puisse être instrumentalisée comme un moyen de discrimination. Congédier quelqu’un parce qu’il souffre d’un cancer est impossible, à moins que le patient en informe ses supérieurs. Le drame de l’A320 a déclenché un débat en Allemagne qui n’est pas prêt de s’arrêter. La grande question qui se pose est de savoir quelle responsabilité porte la Lufthansa, la maison-mère de Germanwings ? Sera-t-elle forcée de payer tous les dédommagements ? Si on prend la loi à la lettre, il est impossible de la rendre la compagnie complètement responsable de ce qui s’est passé. Elle était sensée rien savoir officiellement. Peut-être bien que les thérapeutes ont failli, parce qu’ils n’ont pas réussi à convaincre le copilote de prendre ses responsabilités. Dans un tel contexte il est permis de se poser la question de savoir si le secret médical est encore adapté, lorsqu’un employeur à charge d’âmes ? Tous pilotes doivent passer des tests avant d’avoir accès aux commandes d’un jet. Des tests qui se répètent tout au long de leur carrière. C’est là qu’il y a eu probablement négligence. Les responsables n’ont pas été en mesure de déceler le moindre déficit chez Andreas Lubitz. Il est vrai que nombre de malades mentaux sont en mesure de simuler leur état, lorsque c’est nécessaire. La simulation fait aussi partie d’une telle pathologie. Mais des psychiatres avertis devraient être en mesure de la déceler. Je pense que l’empathie leur a joué un mauvais tour. Le moindre doute aurait dû engendrer une interdiction immédiate de piloter. Mais personne ne voulait nuire à l’avenir professionnel de ce jeune homme, qui d’après les dires, remplissait toutes les conditions techniques pour voler. Ont-ils mal apprécié le danger ? Il faut le croire. Ils auraient dû intervenir mais ils ne l’ont pas fait. Pourquoi ? Ce sera à l’enquête de percer ce mystère.

pm

http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/06/11/crash-de-l-avion-de-germanwings-le-copilote-avait-vu-41-medecins-en-cinq-ans_4652465_3214.html

Pierre Mathias

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