Hillary Clinton sera candidate pour la présidence des USA. D’un côté j’apprécie sa perspicacité, son intelligence, de l’autre je crains un peu que cela soit du réchauffé. Sans un programme capable de révolutionner la société américaine, elle aurait de la peine à atteindre son but, à moins que les Républicains se torpillent eux-mêmes en nommant une personne ancrée dans le passé, un nostalgique de la politique musclée des États Unis d’après-guerre. Mais pour y arriver elle devra tout faire pour mettre l’électoralisme au rancard. Il est permis de douter que le peuple soit ouvert à des expériences courageuses ouvrant la voie à plus de justice sociale et humaine. Les difficultés que Barak Obama rencontre dans l’instauration d’une couverture médicale pour tous, est un exemple qui me fait réfléchir. Aussi le fait que la peine de mort ou la possession d’armes à feu reflètent un état d’esprit individualiste prônant la violence. De même tous ces policiers qui font le carton en tuant comme par hasard des noirs non armés ! Le racisme règne toujours aux USA, malgré son Président afro-américain. Madame Clinton devra thématiser tous ces phénomènes sinon elle passera à la trappe aux yeux de tous ceux qui aspirent à plus de tolérance.

Il ne fait aucun doute que toute évolution ne pourra être mise en marche qu’à une seule condition, celle de mettre en chantier une politique scolaire plus juste, ne favorisant pas seulement les couches privilégiées de la population. Un processus qui s’étendra sur des générations. Puis il a aussi un fait historique : celui de la démographie. L‘ Amérique blanche ne sera bientôt plus qu’une vision du passé. Les noirs et les citoyens d’origine hispanique sont sur le point d’être majoritaires. D’expliquer cela à des personnes vivant encore toujours dans la mentalité de la « Case de l’oncle Tom », tient du dialogue de sourds ! Plutôt se « flinguer » que d’accepter l’évidence. Sans sombrer dans le négativisme, il est à prévoir qu’une mutation due à ces faits fera couler du sang et pourrait sonner le glas d’un statut quo qui a pour but de préserver un soi-disant équilibre entre les communautés. Que ce dernier est un mensonge, semble évident pour tous ceux qui analysent les problèmes sociologiques de ce grand pays. Au cas où le conservatisme des durs des durs s’accentue – c’est déjà le cas actuellement – cela pourrait amener les plus démunis à se révolter. Pour éviter le pire, il faut que le prochain locataire de la Maison Blanche ait le pouvoir de faire des réformes. Sans une majorité au Congrès, ce serait un vœux pieu ! Le prochain président devra remettre tout en question et ceci d’une manière autonome. Il ne s’agira pas de répéter comme un perroquet que les USA et ses habitants sont les plus démocratiques, les plus forts, les plus avancés, les plus progressifs… Cela n’est pas le cas ! Si le pouvoir de l’exécutif est de plus en plus limité, la rue exercera de plus en plus de pression ! Il est permis de se poser la question de savoir si Hillary Clinton sera en mesure de contrecarrer une évolution qui pourrait devenir fatale ? Remettre en marche toute une nation demande avant tout de la poigne et un esprit d’ouverture. Elle aussi, malgré ses grandes qualités, est un spectre du passé. Si elle veut se « recréer », elle devra se remettre en question. J’en doute !

pm

http://www.lemonde.fr/ameriques/article/2015/04/12/hillary-clinton-candidate-a-la-presidence-des-etats-unis_4614599_3222.html

Pierre Mathias

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