Les barrages érigés par les routiers peuvent paralyser toute la France, mettre à mal l’économie. Cette vague de protestations dépasse de loin ce qu’on peut attendre du droit de grève. Tout en trouvant justifié de revendiquer plus de salaire, je me demande s’il est légitime de prendre en otage toute une économie ? Le dommage occasionné est disproportionné par rapport au conflit dont il est question. Au risque de passer pour un réactionnaire je n’approuve pas les barrages qui sont érigés sur les grands axes et qui empêchent les non-grévistes à se rendre à leur travail. Nous avons vécu le même phénomène avec la grève des cheminots en Allemagne. Ce n’est pas en s’attaquant à l’industrie toute entière que la relance pourra avoir lieu. Et pourtant en tant que syndicaliste je ne peux pas m’opposer au débrayage de certains collègues s’ils se sentent lésés. Je ne me sens pas à l’aise en écrivant ces lignes, mais il serait lâche de ne pas aborder un problème qui prend de plus en plus d’ampleur, celui, nommons le par son nom, d’un chantage qui touche de plus en plus la population toute entière. Une poignée de grévistes est en mesure d’engendrer un chaos qui nuit à tous. Je suis parfaitement au courant que c’est souvent le seul moyen d’obtenir gain de cause, mais n’y-a-t-il pas l’intérêt général qui devrait toujours primer ? Je n’aurais pas d’objections que les routiers laissent leurs camions au garage ; ce serait parfaitement légitime, mais je revendique le droit de me déplacer. Quelque soit la raison, je trouve inadmissible de me priver de mon droit élémentaire de mobilité. Ce genre d’actions devient de plus en plus courant. Dans le système que nous connaissons aujourd’hui, un grain de sable peut tout remettre en question. Dans un tel contexte il est indispensable que les partenaires sociaux négocient au plus vite. Je trouve l’absence des patrons lors des négociations salariales parfaitement déplacée. J’irais encore plus loin : c’est une atteinte à l’éthique civique que tout citoyen doit respecter. N’avons-nous pas assez de problèmes ? Pouvons-nous accepter qu’il y ait de plus en plus de chômeurs ? L’action des routiers peut mettre en danger l’emploi. Tous ceux qui nous empêchent de passer devraient y réfléchir. Mais on en est loin ! Tant que patrons et ouvriers se regardent comme des chien de faïence, la situation économique n’évoluera pas dans le bon sens. Il serait temps d’abattre certains préjugés de part et d’autre, de se considérer comme de vrais partenaires étant en mesure à se mettre autour d’une table pour parler des problèmes existants. Mais cela demandera de grands efforts. Je pense que la participation à la marche économique de l’entreprise et l’accès à des primes en cas de succès serait un pas dans la bonne direction. De tels exemples existent mais ils devraient être généralisés. La grève la plus justifiée ne sert à rien si elle provoque des dépôts de bilans. Une occasion de revoir sa copie ! Un petit conseil venant du syndicaliste réactionnaire que je suis !
pm