La maison d’édition Springer et la compagnie de télévision ProsiebenSat1 envisagent de fusionner. Pour la liberté de la presse une mauvaise nouvelle. Bien que politiquement ces deux maisons soient au diapason, les journalistes seront soumis encore plus que maintenant à se conformer aux directives des patrons. Leur couleur politique est la droite avec Bild comme figure de proue. Un journal à grand tirage mêlant les cancans au diatribes vindicatives de tous ceux qui fréquentent habituellement les cafés du commerce. Du populisme à la pelle ! Mais ce n’est pas le propos de mes réflexions. Bien plus le fait que le monde des finances tente de rassembler sous un même parasol des organes de presse de toutes tendances. Le supermarché. Lorsque l’argent se mêle, on aboutit automatiquement à une mainmise intellectuelle, tout le contraire de la liberté d’expressions. Un journaliste grillé ne pourra plus simplement prendre sa valise et aller ailleurs. Il a des chances de retrouver un peu partout les mêmes décideurs et sera mis ainsi au rencard. Une situation qui le rendra plus que prudent. S’il a charge d’âmes, il fera tout pour éviter la descente aux enfers. Au lieu d’écrire des articles d’investigation, il se complaira dans la banalité et ceci pour préserver son gagne-pain. Ne surtout pas provoquer, rester bien tranquillement dans son alcôve.

Ce n’est vraiment pas le rôle de la presse, qu’on doit considérer à juste titre comme un pilier de la démocratie. Elle doit faire mal pour que les politiciens ne partent pas à la dérive, C’est un organe de contrôle indispensable dans la marche des États. Toutes fusions, comme celle qui se dessine en Allemagne, est un pas de plus dans l’uniformité. Ce n’est pas sans raisons qu’un grand nombre de lecteurs ou de téléspectateurs se retrouvent sur internet, où ils croient trouver plus de liberté. Ce n’est que dans la diversité que le citoyen est en mesure de se forger une opinion. Le contraire peut être assimilé à un lavage de cerveau. C’est la raison pour laquelle je souhaite que l’office des cartels de la République Fédérale ne donne pas son feu vert à ce projet qui restreindrait d’une manière dramatique les mouvements de pensée. Du bourrage de crâne ! Une société qui se base sur l’information est en train de se castrer. Il n’est pas étonnant que dans un tel contexte, la vente des journaux diminue de plus en plus. Ce qui fait l’attrait d’une publication est son particularisme. J’achète une revue parce qu’elle ose critiquer Pas pour lire des articles à de l’eau de rose. Aujourd’hui ce n’est plus le journaliste qui détermine sa manière de penser, mais le marketing. Au lieu de provoquer le lecteur et de le forcer à la réflexion, on répète exactement ce qu’il veut entendre. Le reporter en est réduit à jouer au gratte-papier. Ceux qui prétendent que ce n’est pas le cas, se jettent du sable dans les yeux. Il est parfaitement humain que personne ne veut se retrouver à la rue et ait du mal à boucler ses fins de mois. Les investisseurs le savent et sont en mesure de faire pression. Un chantage intellectuel qui prend des dimensions insupportables. Dans un tel contexte il n’est pas étonnant que l’intolérance gagne du terrain. Tant que le journalisme est une affaire de gros sous, la démocratie prendra de plus en plus d’eau dans ses chaussures. Il y a de quoi se réjouir !

pm

http://www.liberation.fr/economie/2015/07/08/mega-fusion-dans-la-presse-allemande_1345201

Pierre Mathias

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