Il y a déjà deux jours que le Président a souhaité la bonne année à la France. Un exercice obligatoire pour tous chefs d’États. Il l’a fait d’une manière classique sans présenter de nouveaux projets. Il table sur l’acquis ou ce qu’il nomme ainsi et ceci d’une manière ferme. Loin de lui toutes formes de résignation ! L’audace est le maître-mot de cette intervention. Donner l’impression de tout contrôler pour cacher le désarroi dans lequel se trouve le pays ? D’insuffler à une nation souffrant de dépression un air d’optimisme ? Il y a de cela mais aussi autre chose. François Hollande n’a pas caché que les difficultés pour remonter la pente ne sont pas estompées, au contraire. C’est un langage offensif, comme on le tient dans des situations périlleuses, qui a été choisi par lui. Il sait parfaitement bien que sans l’apport de la population, toutes mesures d’assainissement n’ont aucune chance d’aboutir. Que l’aspect technique des réformes ne remplacera jamais la motivation. Et c’est ici que le bât blesse. Les gens ne se sentent plus en sécurité, ils ont peur de l’avenir. Dans un tel état d’âme il est difficile de faire bouger les choses. Se complaire dans l’immobilisme est du venin. Une attitude bien connue des psychologues qui côtoient toujours à nouveau des patients qui se réfugient dans leurs lits et tirent le duvet sur leur tête. Ne surtout plus voir la réalité. Dans de tels cas les paroles prônant la raison n’ont guère de prise. La malade se barricade dans son univers désaxé et est dans l’incapacité de réagir en conséquence. Soyons justes, le Président n’avait pas d’autres alternatives que de choisir ce ton, d’invoquer le génie de la France. Du point de vue thérapeutique l’effet ne peut qu’être décevant. Lorsque le moral n’y est pas, comment faire appel à des forces nouvelles ? Ce qu’il faut aux gens, ce sont des résultats tangibles, l’impression qu’il y a une sortie de crise. Ce n’est pas avec de belles paroles qu’on atteindra ce but. Pour l’instant il n’y a que des mesures dont les résultats sont plus ou moins imprévisibles. Il faut de la patience, mais le peuple n’en a plus. C’est ce qui rend la démarche de François Hollande si difficile. La plupart des nouvelles lois vont dans le bon sens, mais il faut beaucoup de temps pour apercevoir enfin des horizons meilleurs. Dans une époque ou l’extrême rapidité est un signe d’efficacité, cette lenteur ne fait qu’exaspérer les électeurs. Qu’on le veuille ou non ils voteront pour tous ceux qui prôneront le changement, même si c’était une descente en enfer. Les apprentis-sorciers ont malheureusement le vent en poupe. Que dire alors de cette allocution ? Elle me fait penser à un capitaine qui essaie de calmer les esprits pendant que son bateau prend de l’eau. Un plaidoyer pour la méthode Coué ? En quelque sorte oui, car il faut à tout prix éviter la panique. C’est dans ce sens qu’il faut interpréter les paroles présidentielles. Il ne pouvait vraiment pas faire autrement. Mais ne vaut-il pas mieux sabler le champagne ?

pm

http://www.liberation.fr/politiques/2014/12/31/voeux-2015-hollande-en-appelle-a-l-audace-contre-la-nostalgie_1172459

Pierre Mathias

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